L’illustration des livres

L’illustration des livres se présente différemment suivant la technique employée. La xylographie permet de mêler images et textes sur la même page, la gravure sur bois utilisant la presse typographique, qui imprime en même temps les caractères et des planches de bois de même hauteur.

Au XVIIe siècle, la gravure sur cuivre, plus précise et plus détaillée, supplante la gravure sur bois, jugée trop fruste et maintenue pour des éléments de décor secondaire. Mais la matrice gravée en taille-douce ne peut être imprimée sur la même presse que celle qui imprime le texte. Dans le livre, les gravures sur cuivre sont donc souvent distinctes du texte et paraissent fréquemment sous forme de planches non comprises dans la pagination, de cahiers séparés, voire de recueils de planches indépendants. Il arrive cependant que des gravures sur cuivre accompagnent le texte typographique et que l’on trouve sur une même page texte et image – opération difficile puisqu’il faut imprimer successivement sur des presses différentes : le texte sur une presse typographique, en laissant de la place pour l’image, puis l’image (après séchage de la feuille) sur une presse en taille-douce, en prenant soin que le texte et les images ne se superposent pas, ce qui arrive parfois.

Au XIXe siècle, la lithographie est abondamment utilisée dans l’illustration du livre, mais comme ce procédé de reproduction à plat est incompatible avec la presse typographique, elle est condamnée à rester en hors-texte ; les planches lithographiées et le texte sont toujours séparés, alors que la gravure sur bois de bout, développée à la même époque, permet l’insertion de l’illustration au cœur du texte typographié.

 

 

 

8- Bernard de MONTFAUCON. L’Antiquité expliquée et représentée en figures. Paris : Delaulne, 1719-1724.
T. I. Les Dieux des Grecs et des Romains, Paris, 1719, planche 39 : Enlèvement de Proserpine, burin.
FOL ZZ 39 INV 43 RES

Bernard de Montfaucon (1655-1741), bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur, réalise la première grande somme sur les antiquités gréco-romaines à caractère véritablement scientifique : il publie en latin et en français de 1719 à 1724, à Paris, les dix volumes in-folio de L’Antiquité expliquée et représentée en figures, illustrés de près d’un millier de planches. Celles-ci, non comprises dans la pagination, sont numérotées en chiffres romains, avec l’indication de la page de chaque tome où elles doivent être insérées. Cet ouvrage, où sont gravés et commentés un grand nombre de monuments et de sculptures, contribue à répandre, surtout en France, le goût de l’archéologie.

 

 

 

9- Jean de LA FONTAINE, Contes et nouvelles en vers, Amsterdam, 1762.
T. II, p. 142-143 : Le cas de conscience, eau-forte.
8 Z 6845 INV 10106 RES

Cette célèbre édition des Contes et nouvelles de La Fontaine, dite « des fermiers généraux », aux frais desquels elle a été publiée sous la direction de Jean-Baptiste Séroux d’Agincourt, est illustrée de quatre-vingts dessins gravés à l’eau-forte par Charles Eisen (1720-1778) ; vingt figures jugées licencieuses ont été censurées, refusées et rejetées par les éditeurs. Cet exemplaire présente la particularité de comporter les deux états d’une gravure (« Le cas de conscience »), avant et après la censure : le graveur a dû dissimuler sous une végétation la nudité d’un adolescent surpris par une jeune fille lors de sa baignade. Selon l’usage bibliophilique, on parle dans ce cas de gravures « découvertes » ou bien « couvertes ».

 

 

 

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