À destination du grand public

Melchisédech THÉVENOT, Relations de divers voyages curieux qui n'ont point esté publiées, ou qui ont esté traduites d'Hacluyt, de Purchas et d'autres voyageurs.... 1663.

Parce qu’elles concentrent des enjeux économiques, politiques et religieux, les grandes découvertes des XVe et XVIe siècles font dès l’origine l’objet d’un véritable engouement. En Europe notamment, elles suscitent toutes sortes d’écrits qui profitent des moyens de diffusion sans précédent qu’offre l’imprimerie naissante. Les textes circulent et sont traduits avec célérité par des éditeurs dont certains se spécialisent bientôt dans la publication de relations savantes.

Fleurissent alors de nombreuses entreprises éditoriales qui bénéficient à partir de la fin du XVIIIe siècle d’innovations techniques et technologiques telles que la machine à fabriquer le papier en continu ou encore la stéréotypie qui permet d’imprimer plus rapidement et à moindre coût. Les compilations de relations se multiplient alors pour satisfaire l’appétit grandissant des publics pour les récits de voyages.

Simples juxtapositions de récits, pas toujours traduits, aux XVIe et XVIIe siècles, elles prennent au XVIIIe siècle la forme de vastes collections comptant plusieurs dizaines de volumes, au format toujours plus maniable, avant de laisser place aux nombreux périodiques illustrés du XIXe siècle consacrés aux voyages et aux nouvelles découvertes. Le marché éditorial des voyages, fort du partage de plus en plus net entre genre populaire et littérature scientifique, atteint alors son apogée.

 

 

50 – L’effervescence éditoriale suscitée par la conquête du Mexique

 

Pietro Martire d’ANGHIERA et Hernán CORTES, Extrait ou recueil des îles nouvellement trouvées en la grande mer océane au temps du roi d'Espagne Fernand et Elisabeth sa femme… translaté en langage français. Paris : Simon de Colines, 1532. [4 Q 508 INV 229 RES]. Document non numérisé

Les premières lettres écrites entre juillet 1519 et septembre 1526 par Hernán Cortés pour rendre compte de ses actes à Charles Quint sont très rapidement publiées et traduites en italien, en latin, en français et en flamand. Cet intérêt des lecteurs comme des éditeurs du Vieux Continent peut être corrélé avec les espoirs économiques que suscitent ces nouveaux espaces et l’urgence avec laquelle il s’agit de s’en emparer avant les puissances concurrentes.

 

51 – Une rapide actualisation des savoirs

 

Simon GRYNAEUS et Johann HUTTICH, Novus orbis regionum ac insularum veteribus incognitarum … Bâle : Johann Herwagen, 1555. [DELTA 636 FA (P.1)]. Document non numérisé

Ce catalogue des relations contenues dans l’ouvrage est augmenté, par rapport à la première édition de 1532, de cinq chapitres concernant les territoires découverts par Hernán Cortés dans les années 1520 et leur évangélisation dans les décennies suivantes. De très nombreux exemplaires subsistent dans les collections européennes aujourd’hui, témoignant de tirages relativement importants.

 

52 – La redécouverte de l’ancien monde à l’aune de pratiques éditoriales nouvelles

 

Melchisédech THEVENOT, Relations de divers voyages curieux qui n'ont point esté publiées, ou qui ont esté traduites d'Hacluyt, de Purchas et d'autres voyageurs anglois, hollandois, portugais, allemands, espagnols, et de quelques persans, arabes, et autres auteurs orientaux... Paris : Jacques Langlois et alii, 1663. [FOL G 228 INV 411 FA]

Au XVIIe siècle, alors que les relations du Nouveau Monde dominent le genre viatique, la curiosité des lecteurs se reporte sur les civilisations antiques. L’auteur de cette compilation, érudit touche-à-tout, répond à la demande de sources inédites. Cette carte de Bassorah, en actuel Irak, est adjointe à un texte en écriture chaldéenne cunéiforme. Elle indique les localités où vivent des familles chrétiennes, et donne même leur nombre.

 

53 – Une entreprise éditoriale d’ambition encyclopédique au siècle des Lumières

 

Antoine François PREVOST, Histoire générale des Voyages, ou Nouvelle Collection de toutes les relations de voyages par mer et par terre qui ont été publiées jusqu’à présent dans les différentes langues... Tome premier. Paris : Didot, 1746. [4 G 654 INV 954 FA]

Cette somme en vingt tomes, dont la première partie est consacrée aux Indes orientales et dans laquelle vont très largement puiser de nombreux penseurs du XVIIIe siècle, trouve sa place entre la relation savante et le roman. La plupart de ses sources sont anglaises mais l’auteur se montre prudent : il s’agit d’une commande officielle, qui intervient dans un contexte de rivalités entre les empires coloniaux français et britannique.

 

54 et 55 – Des grands formats illustrés aux livres de poche

Catalogue de libraire : Voyages nouveaux et autres, instructifs et amusants, ornés de cartes et de gravures. Paris : André-Augustin Lottin, 1794. [8 Z 6660 INV 9914 FA]. Document non numérisé

Giovanni MARITI, Voyages dans l'isle de Chypre, la Syrie et la Palestine, avec l'histoire générale du Levant… Traduit de l’italien. Tome premier. Neuwied : Société typographique, 1791. [8 Z 6220 INV 9432 FA]. Document non numérisé

Ce catalogue de libraire parisien, consacré aux seuls voyages nouvellement parus ou traduits, comporte plusieurs titres importants possédés par la bibliothèque et accompagnés de leur prix. Souvent peu cher et de petite taille, le livre de voyage se rapproche au XVIIIe siècle de la pratique qui le fonde et devient le compagnon des Européens qui, de plus en plus nombreux, prennent la route pour des destinations lointaines, comme le suggère l’avertissement du Voyage dans l’isle de Chypre, la Syrie et la Palestine de l’abbé Mariti, présent au verso du catalogue.

 

56 – Les voyages dans la presse : publications hebdomadaires pour un public familial

 

Journal des voyages et des aventures de terre et de mer. Sceaux : Charaire et fils. N°352, dimanche 6 avril 1884. [4 AE SUP 28 RES]

Si certains journaux à parution régulière existent dès le XVIIe siècle, c’est au XIXe siècle que la presse connaît un véritable essor. Le Journal des voyages alterne petits récits de voyages et récits d’aventures fictionnels en feuilletons entrecoupés de nombreuses illustrations plus ou moins réalistes. Est présentée ici une une consacrée à la mort mystérieuse de l’explorateur Jules Crevaux sur les bords du río Pilcomayo en Argentine en 1882.

 

 

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