L’initiative de l’aventure

Jean MOCQUET, Voyages en Afrique, Asie, Indes orientales, & occidentales. 1645.

La majorité des voyages constitutifs de savoir à l’époque moderne trouve ainsi son origine dans des destins individuels, des entreprises privées ou des missions d’ordre politique ou religieux, plutôt que dans des projets collectifs désintéressés et financés par la puissance publique.

À cette dernière, les voyageurs ont pourtant à offrir le prestige et les avantages concrets de leurs découvertes, en échange de la faveur du prince signifiée par une charge publique lucrative. La validation sociale et savante des efforts du voyageur par le mécénat princier devient alors l’un des moyens de récompenser l’investissement du voyage. C’est de cet espoir, en même temps que des trésors de rhétorique flagorneuse dépensés pour l’atteindre, que témoignent les poèmes et les lettres dédicatoires qui ouvrent bien des relations de voyage.

Comme pour les autres branches des arts et des sciences, le mécénat public accordé aux voyages à visée savante s’institutionnalise progressivement, à travers la multiplication et la pérennisation des offices savants et surtout la création d’académies royales au cours du XVIIe siècle. Ces académies autorisent une plus grande autorégulation de leur activité par des savants désormais professionnels : dans leur cadre sont élaborées et financées les premières vastes expéditions scientifiques proprement dites, à partir des années 1730.

Le nouveau modèle qu’elles instituent pour la reconnaissance du monde ne devient cependant pas hégémonique avant longtemps ; initiatives particulières et mécénat privé continuent d’apporter une contribution décisive à l’exploration au XIXe siècle et encore au début du XXe siècle.

 

 

7 – Une relation privilégiée avec le Roi

Jean MOQUET, Voyages en Afrique, Asie, Indes orientales, & occidentales. Rouen : Jacques Cailloué, 1645. [8 G 127 INV 2207 RES]

Dans la préface de son ouvrage adressé à Louis XIII en 1617, Jean Moquet (1575-vers 1617) se prévaut de sa relation avec le roi Henri IV, espérant prolonger cette protection royale. Il relate ainsi ses voyages menés entre 1601 et 1612 dans les pays étrangers (en Afrique et en Amérique méridionale notamment) dans le but de recueillir des raretés pour le cabinet du roi.

 

8 – Enrichir les collections royales

Paul LUCAS, Copie des mémoires de tout ce que le sieur Paul Lucas a raporté dans son dernier et avant-dernier voyage du Levant. Manuscrit, XVIIIe siècle. [Ms. 542 (f.1)]. Document non numérisé

Fils d’un orfèvre rouennais, Paul Lucas (1664-1737) entreprend d’aventureux voyages en Asie mineure et en Égypte, dont il rapporte quantité de médailles et de curiosités. Parmi ses notes de voyages, dont quelques feuillets sont conservés à la bibliothèque Sainte-Geneviève, figure ce récépissé des objets acquis par les collections royales, notamment divers « cailloux singuliers » et plusieurs manuscrits.

 

9 – L’Académie des sciences en Laponie

Pierre-Louis Moreau de MAUPERTUIS, La figure de la terre, déterminée par les observations de Messieurs de Maupertuis, Clairaut, Camus, Le Monnier, … faites par ordre du roi au cercle polaire. Amsterdam : Jean Catuffe, 1738. [8 V 316 (2) INV 2496 FA]

Organisée par l’Académie des sciences de Paris et financée par le roi, l’expédition de 1736-1737 dans le Nord de la Scandinavie a pour but de trancher entre les théories de Newton et de Cassini concernant la forme exacte de la Terre. Les données empiriques recueillies permettent de confirmer que la Terre est aplatie aux pôles, donnant raison à Newton.

 

10 – Investir dans l’aventure

Emile ROUX, Aux sources de l'Irraouaddi : voyage de Hanoï à Calcutta par terre. Paris : Hachette & Cie, 1897. [4 G SUP 223].                                        Document non numérisé

Le récit d’Emile Roux (1863-1951) est un exemple de l’investissement de riches personnalités dans les voyages et les belles publications savantes. Il relate l’expédition menée sous la conduite du prince Henri d’Orléans entre le Tibet et l’Inde. Très richement illustré, ce carnet de voyage est également intéressant pour son travail géographique et le détail des différentes tribus de la région.

 

Préc. Suivant