Rosicrucianisme

Le mythe de la Fraternité Rose-Croix et de son fondateur Christian Rosencreutz (« Christian Rose-Croix ») est une fiction due à un cercle de jeunes théologiens luthériens réformateurs rassemblés à Tübingen dans les années 1607-1609 autour du paracelsien et alchimiste millénariste Tobias Hess (1568-1614). L’un d’eux, Johann Valentin Andreae (1586-1654), rédigea les deux « manifestes rosicruciens » : la Fama Fraternitatis et la Confessio Fraternitatis, ainsi qu’un récit complétant la légende : « Les Noces chymiques de Christian Rosencreutz ». Mais la fiction de cette Fraternité contenait aussi un véritable programme, influencé par certains des penseurs allemands et italiens les plus téméraires de la Renaissance (y compris Paracelse) : un projet de réforme complète des sciences et de la religion sur fond de millénarisme (la fin des temps étant jugée très proche), orientée vers un partage désintéressé des connaissances et une entière tolérance religieuse appelée par l’exigence d’un christianisme universel, entièrement débarrassé des querelles dogmatiques. L’alchimie entrait pour beaucoup dans ces aspirations, tournée vers une médecine gratuite et charitable. Les auteurs comptaient diffuser la Fama et la Confessio au moment jugé par eux opportun, mais des copies manuscrites commencèrent à circuler dès 1610, et malgré eux, en 1614 la Fama fut soudain imprimée à Kassel, suivie en 1615 par la Confessio, aussitôt prises au pied de la lettre et suscitant des centaines de réponses imprimées. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXe, l’accent mis à la fois sur l’alchimie, la médecine et l’immortalité corporelle fut central dans l’imaginaire rosicrucien littéraire et théosophico-maçonnique (notamment en Allemagne).

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38 – Les Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz

Johann Valentin ANDREAE, Chymische Hochzeit : Christiani Rosencreutz : Anno 1459. Strasbourg, Zetzner, 1616. [8 T 1752 INV 455O RES (P.1)]

Ce récit d’initiation alchimique et mystique de J. V. Andreae, écrit vers 1607, complète la légende de l’ermite Christian Rose-Croix élaborée dans la Fama Fraternitatis. Il décrit son voyage et sa participation aux noces royales alchimiques après de nombreuses aventures symboliques. Comme la Fama et la Confessio, ce texte paraît en 1616 à l’insu de l’auteur. Traduit tardivement en anglais (avant 1675) et jamais en latin, il ne paraît en français qu’en 1928. À la fois roman alchimique, mystique et politique, il a exercé une influence tardive mais réelle sur l’imaginaire ésotérique et la culture littéraire germanophones à partir de la fin du XVIIIe siècle.

39 – Une source rosicrucienne ?

Heinrich KHUNRATH, Amphithéâtre christiano-kabbalistique, divino-magique, physico-chimique, ter-tri-uno-catholique de l’éternelle sapience seule vraie, trad. Émile-Jules Grillot de Givry. Paris, Bibliothèque Chacornac, 1898-1900. [4 R SUP 101 (2) RES]

Parmi les sources ayant constitué le terreau des manifestes rosicruciens, l’œuvre du médecin et alchimiste Khunrath (1560-1605) est souvent citée. Elle a exercé une certaine influence, mais il faut rappeler que J. V. Andreae lui-même rejetait l’Amphitheatrum de Khunrath pour son manque de prudence dans l’interprétation alchimique des textes sacrés. Cette première version française, œuvre d’un occultiste chrétien (1874-1929) traducteur de Paracelse, Robert Fludd et Guillaume Postel, est publiée dans la collection Bibliothèque rosicrucienne, qui rassemble sous son égide des ouvrages considérés comme des classiques de la littérature ésotérique.

40 – Rose-Croix et Italie

Trajano BOCCALINI, De’ ragguagli di Parnaso, del molt’illust. & eccellentiss. Sig. Trajano Boccalini Romano centuria prima. Venise, Giovanni Guerigli, 1616-1617. [4 R 563 INV 626 FA]

Dans le chapitre LXXVII, « Commune et générale réformation du monde », de ces Nouvelles du Parnasse parues en 1612, Boccalini constate avec ironie et pessimisme l’état de corruption du monde et la nécessité d’une réforme universelle. La présence de la traduction allemande de ce chapitre dans de nombreuses éditions de la Fama Fraternitatis (le premier manifeste rosicrucien) a longtemps été imputée aux auteurs de la Fama et interprétée en ce sens – alors que ces éditions se sont faites à leur insu et contre leur volonté.

41 – Les Rose-Croix en France

Gabriel NAUDÉ, Instruction à la France sur la Vérité de l’histoire des Frères de la Roze-Croix. Paris, F. Julliot, 1623. [8 D SUP 16700 RES]

En juillet 1623, Paris se couvre de placards proclamant la présence des Rose-Croix dans la ville et laissant croire à un vaste complot de cette société. Résultat du canular d’un étudiant en médecine, Étienne Chaume, ils sont très vite instrumentalisés par le père Garasse qui assimile délibérément Rose-Croix, sorciers et libertins dans sa campagne contre le poète libertin Théophile de Viau. Le libertin érudit Gabriel Naudé s’efforce ici de réfuter ces affabulations hostiles, plaçant le débat sur le plan politique et philosophique et exhortant à ne pas offrir de prétextes aux émois populaires, qui menacent la paix civile.

42 – Rosicrucianisme et alchimie

Traités et notes d’alchimie. Manuscrit, XVIIe siècle. [Ms 2240]

Ce recueil réunit plusieurs extraits de traités rosicruciens allemands du XVIIe siècle, attestant de la circulation de ces textes en France. Le « Schema Roseae Crucis » est sûrement le Signatstern du Charakter Cabalisticus oder paracelsischer Signatstern (1623) de l’alchimiste et paracelsien Adam Haslmayr (1562-1630), l’un des premiers acteurs du mouvement rosicrucien, auteur de la courte réponse à la Fraternité Rose-Croix publiée à la fin de la Fama Fraternitatis (1614).

43 – Rosicrucianisme et Angleterre

John HEYDON, The harmony of the world, being a discourse… Londres, Henry Brome, 1662. [8 R 429 INV 2194 FA]

John Heydon (1629-ap. 1670), juriste de formation, emprisonné à plusieurs reprises dans l’Angleterre de Cromwell pour ses prédictions astrologiques, est un infatigable propagandiste des idées rosicruciennes, qu’il regarde comme une sagesse universelle et la voie vers une complète harmonie physique, sociale et spirituelle. On lui doit des œuvres excentriques comme A New Method of Rosicrucian Physick (1658), The Rosie Crucian (1660) ou The Rosie Cross Uncovered (1660).

44 – Une satire devenue référence de l’occultisme

Henri de MONTFAUCON DE VILLARS, Le comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes. Paris, Claude Barbin, 1670. [8 R 447 INV 2325 FA]

Publiée anonymement mais très vite attribuée à l’abbé de Villars, cette satire qui vise à ridiculiser la croyance aux démons prend la forme de cinq dialogues parodiques entre un maître spirituel (le Comte) et son disciple ès « sciences secrètes », où il présente les peuples des quatre éléments : gnomes, nymphes, sylphes et salamandres (une idée empruntée à Paracelse). Considéré très tôt comme une divulgation de secrets « cabalistiques », ce livre fit l’objet de multiples interprétations et influença tant les romanciers que le mouvement occultiste de la fin du XIXe siècle.

45 – Art Royal et Rose-Croix

Théodore Henry de TSCHUDY, L’étoile flamboyante ou La société des francs-maçons considérée sous tous les aspects. Paris, Gutenberg reprints, 2006. [8 D SUP 48126]

Lors du développement de la franc-maçonnerie au XVIIIe siècle, l’influence de la thématique rosicrucienne se traduit entre autres par l’apparition du haut-grade de « Chevalier Rose-Croix », au symbolisme à la fois chrétien et alchimique. Initialement publiée en deux volumes, en 1766, cette œuvre du baron Tschudy (1727-1769) deviendra rapidement l’une des instances les plus influentes de l’association de l’« art royal » et du « rosicrucianisme » au symbolisme et au rituel maçonniques, association de plus en plus fréquente en Europe après 1760.

46 – Rose-Croix et franc-maçonnerie en Allemagne

Nicolai FRIEDRICH, Essai sur les accusations intentées aux Templiers et sur le secret de cet ordre, avec une Dissertation sur l’origine de la franc-maçonnerie, ouvrage traduit de l’allemand. Amsterdam, D.-J. Changuion, 1783. [8 H 1131 INV 4071 FA]

Éditeur, publiciste et écrivain allemand, Friedrich Nicolai est membre de la loge maçonnique berlinoise « Aux trois Globes » qui est devenue, en 1777, le foyer d’un nouveau rite (ou système de hauts-grades), l’Ordre des Rose-Croix d’Or d’Ancien Système. En 1783, il rejoint l’Ordre des Illuminés de Bavière. Pratiquant volontiers la polémique et l’ironie, il dénonce ici les tentatives de réhabilitation de l’Ordre des Templiers. À cette occasion, il fait le lien entre mouvement Rose-Croix du XVIIe siècle et naissance de la franc-maçonnerie via l’Angleterre, thèse fictive largement reprise par la suite.

47 – Rose-Croix et franc-maçonnerie au XIXe siècle

Jean-Marie RAGON, Francmaçonnerie : ordre chapitral nouveau, grade de rosecroix et l’analyse des 14 degrés qui le précèdent… Paris, Collignon, [1860]. [DELTA 58069 FA]

Jean-Marie Ragon de Bettignies (1781-1862), membre de plusieurs loges, est l’auteur de nombreux écrits maçonniques ainsi que l’éditeur d’Hermès, première revue française spécialisée. Son opuscule décrit le contenu des différents grades. Celui de « rosecroix » (sic) apparaît comme le plus élevé, dans la continuité des systèmes du XVIIIe siècle. L’exemplaire ici présenté a appartenu à un autre franc-maçon célèbre, Charles Fauvety (1813-1894).

48 – Goethe sous le signe de la Rose et de la Croix

Johann Wolfgang von GOETHE, Das Märchen, die Geheimnisse, die Novell. Murgtal, Elois-Verlag, [1946]. [BR 115664]

Inspiré par la lecture des Noces Chymiques de Christian Rosenkreutz, Goethe rédige en 1785 Les Mystères, poème resté inachevé. Il y relate l’arrivée d’un nouveau venu, le frère Marc, dans une communauté de treize moines retirés dans un monastère dont le supérieur, le vieil Humanus, s’apprête à quitter ses fonctions. Au portail du cloître figurent la Rose et la Croix entrelacées : « La croix est enlacée étroitement de roses – qui donc a marié des roses à la croix ? ».

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49 – Goethe et le conte alchimique

Johann Wolfgang von GOETHE, Œuvres de Goethe… traduction nouvelle par Jacques Porchat… 7. Paris, Hachette, 1860. [8 Z 583 (22) INV 1536 FA]

Inséré à la fin du récit intitulé Les Entretiens d’Émigrés allemands, paru en 1795, Le Conte (connu ultérieurement sous le titre Le serpent vert) décrit un monde coupé en deux par un fleuve que seule l’ombre d’un géant permet de franchir. L’arrivée de deux feux follets déclenche une série d’événements qui aboutiront à l’instauration d’une nouvelle société, selon un mouvement de régénération spirituelle qui rappelle le roman de J. V. Andreae, les fameuses Noces Chymiques. Dans ce texte, Goethe emprunte maintes figures à l’alchimie telles l’opposition du feu et de l’eau, les rois qui représentent les métaux, le serpent, sans oublier les noces finales du Prince et de Lilia. Il s’agit d’une œuvre initiatique placée sous le sceau d’une double prophétie : « Que le temple soit érigé au bord du fleuve et que le pont de pierres précieuses, véritable chemin de lumière, soit construit ».

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50 – Un roman rosicrucrucien

Edward BULWER-LYTTON, Zanoni. Paris, Baudry, 1842. [8 Z 602 (8) (58) INV 2125 FA]

Publié en 1842 par le romancier anglais Edward Bulwer-Lytton (1803-1873) et traduit en français la même année, cet ouvrage se présente comme la transcription par l’auteur d’un manuscrit chiffré trouvé dans sa jeunesse. Sur fond de Révolution française, il relate l’histoire d’amour entre Viola Pisani, jeune chanteuse d’opéra napolitaine, et Zanoni, un rosicrucien immortel, né sous la civilisation chaldéenne, qui finit guillotiné en se sacrifiant pour sa bien-aimée. Edward Bulwer-Lytton, lui-même quelque peu versé dans l’occultisme, émaille son récit de nombreuses citations et références.

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51 – Un défenseur des Rose-Croix

Robert FLUDD, Utriusque cosmi maioris scilicet et minoris metaphysica, physica atque technica Historia, Tome 1. Oppenheim, Johann Theodor de Bry, 1617. [FOL R 87 (2) INV 88 RES (P.1)]

Médecin paracelsien anglais, Robert Fludd (1574-1637) s’intéresse aussi à l’astrologie, à la kabbale et aux mathématiques. Il développe sa conception des relations entre macrocosme et microcosme, fondée sur une théorie tripartite de la matière, dans une encyclopédie dont le premier tome présente l’histoire de la Création, depuis le néant initial jusqu’au processus de distillation. Défenseur précoce des Rose-Croix, il publie trois traités en leur faveur de 1616 à 1617.

52 – Une réflexion théologique nourrie par les sciences et l’humanisme

Robert FLUDD, Philosophia Moysaica. In qua sapientia & scientia creationis […] explicatur. Gouda, Petrus Rammazenius, 1638 [FOL R 87 INV 87 FA (P.1)]

Dans son dernier essai, paru un an après sa mort, Robert Fludd synthétise sa pensée dans de multiples domaines (théologie, philosophie, alchimie, physique, médecine). Il traite de la Création et de la kabbale, et démontre l’équivalence entre Dieu et le Soleil, source(s) de lumière et de vie. Il s’intéresse en outre à la transmission des maladies entre les hommes, les animaux et les végétaux, et aux correspondances entre macrocosme et microcosme qui structurent sa vision du monde.

53 et 54 – L’Ordre de la Rose-Croix esthétique

Joséphin PÉLADAN, Le salon de Joséphin Péladan, neuvième année : salon international et Salon Jullian suivi de trois mandements de la Rose Croix catholique à l’Aristie. Paris, E. Dentu, 1890. [Delta 87569]

SAR PÉLADAN, L’art idéaliste & mystique : doctrine de l’Ordre et du salon annuel des Rose Croix. Paris, Chamuel, 1894. [Delta 88561]

Joseph-Aimé Péladan, auto-proclamé Sar Mérodack Joséphin Péladan, triomphe en 1884, à 26 ans, avec Le Vice suprême, qui mêle romantisme et occultisme. Grâce à ce succès, le polémiste mystique rencontre l’occultiste Stanislas de Guaïta qui devient son ami et l’initie au sein de la première loge martiniste. Ensemble, ils fondent en 1888 l’Ordre de la Rose-Croix kabbalistique. Fervent catholique, il prend prétexte de l’éclectisme religieux de ses amis pour faire sécession en 1890 et créer l’Ordre de la « Rose-Croix catholique et esthétique du Temple et du Graal », ou « Rose-Croix esthétique ». Les six « salons » artistiques qu’il organise, de 1892 à 1897, sous l’étiquette Rose-Croix qu’il s’arroge, font partie des événements culturels majeurs de la décennie : le premier accueille soixante artistes français et étrangers et reçoit vingt mille Parisiens. Porte-parole du symbolisme, franc opposant au naturalisme et au matérialisme, son ouvrage majeur, L’art idéaliste & mystique, témoigne de sa volonté de (re)sacraliser l’art, et d’élever l’artiste au rang de prêtre d’une religion esthétique et idéale, sous l’égide du catholicisme.

55 – Les salons de la Rose-Croix

Léonce de LARMANDIE, Notes de psychologie contemporaine : l’entr’acte idéal, histoire de la Rose-Croix. Paris, Bibliothèque Chacornac, 1903. [8 R SUP 4226]

Dans cet ouvrage dédicacé « Au groupe d’artistes intellectuels, qui, sous la bannière du Ruskin Français, ont en six grandes batailles, lutté et vaincu pour l’Idéal », le Comte Léonce de Larmandie (1851-1921), écrivain et membre fondateur – avec Joséphin Péladan – de la Rose-Croix esthétique, retrace l’histoire de ce mouvement. Le premier salon de 1892 attire chez Durand-Ruel Verlaine, Mallarmé, Zola mais aussi officiels, marchands d’art et ambassadeurs. La liste finale de 170 noms montre l’influence de la « Rose-Croix esthétique » sur l’art de la fin du XIXe siècle : Antoine Bourdelle, Émile Bernard, Félix Vallotton sont parmi les figures les plus connues, et Erik Satie compose pour les inaugurations ses fameuses Sonneries de la Rose+Croix.

56 – Les Rose-Croix racontés par un théosophiste

Carl KIESEWETTER, L’Histoire de la Rose Croix traduit par F. Ch. Barlet in L’Initiation. Paris : Chamuel, juillet 1898. [8 AE SUP 5212]

Fondée en 1888 par Papus, qui en est le directeur, L’Initiation est une revue ouverte à tous les courants ésotériques. Dans ce numéro de 1898, le théosophiste et occultiste allemand Carl Kiesewetter (1854-1895) prétend avoir en sa possession des documents de son arrière-grand-père, Imperator de l’Ordre de la Rose-Croix, qui « depuis l’année 1764 jusqu’en 1802 […] a enregistré avec le plus grand soin les pièces principales des archives et de la Bibliothèque ». Ce texte mêle éléments repris d’ouvrages antérieurs et interprétations propres à l’auteur, pour conclure que les « derniers véritables Rose-Croix se refermèrent dans une paix contemplative, vivant dans une théosophie chrétienne enthousiaste » à la fin du XVIIIe siècle.

57 – Une lecture chrétienne des Rose-Croix

Paul SÉDIR, Histoire des Rose-Croix. Librairie du XXe siècle, 1910. [8 D SUP 25480]

De son vrai nom Yvon Le Loup (1871-1926), Paul Sédir est à la fois proche de Stanislas de Guaïta, initiateur de l’Ordre rosicrucien, et de Papus, fondateur de l’Ordre martiniste. Affilié aux deux sociétés, il devient « docteur en cabale » au sein de l’Ordre kabbalistique de la Rose-Croix. Il en démissionne quelques années plus tard, en 1909, répudiant alors l’occultisme et se tournant vers une voie à la fois mystique et chrétienne. L’étude présentée traduit cette orientation, annonçant qu’elle « montrera dans les Rose-Croix les défenseurs dévoués du Christ et les chefs de son Église intérieure ».

58 – Le premier rosicrucien américain

Paschal Beverly RANDOLPH, Magia sexualis, traduction française par Maria de Naglowska. Paris, R. Telin, 1931. [8 R SUP 10409 RES]

Né à New York en 1825, Randolph passe sa jeunesse à voyager. Dès le milieu des années 1850, en Angleterre et à Paris, il se lie à divers occultistes puis fonde, au début des années 1860, à San Francisco, une fraternité rosicrucienne (l’une des premières des États-Unis). Après sa mort en 1875, son influence se répand peu à peu mais, surtout, ses théories magico-sexuelles sont à l’origine des enseignements d’un autre mouvement, The Hermetic Brotherhood of Luxor. Son œuvre est très partiellement compilée et traduite en français par Maria de Naglowska (1883-1936), occultiste russe réfugiée à Paris, qui contribue par son action et ses publications à vulgariser la « magie sexuelle » et à faire connaître les idées de Randolph en Europe.

59 – Un journal rosicrucien

La Rose-Croix. Paris ; Clairac, Société alchimique de France. [4 AE SUP 987]

Propagateur de l’« hyperchimie » (transmutations censément obtenues par des moyens chimiques), un temps adhérent de l’Internationale Communiste et partisan d’une forme très personnelle de communisme chrétien, François Jollivet-Castellot, créateur et président de la Société alchimique de France, fonde et dirige plusieurs revues – dont la dernière s’intitule La Rose+Croix – entre 1896 et sa mort, survenue en 1937. Il participe également à la revue martiniste L’Initiation et fréquente les milieux occultistes, se liant à Papus, Stanislas de Guaïta et Alexandre de Saint-Yves d’Alveydre. Il correspond en outre avec l’écrivain et dramaturge suédois August Strindberg (1849-1912), rencontré à Paris en 1895.

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60 – Antiquus Mysticusque Ordo Rosae Crucis

Harvey SPENCER LEWIS, Rosicrucian Manual. San Jose, California, Supreme Grand Lodge of AMORC (The Rosicrucian Press), 1948. [8 D SUP 9674]

En 1915, après un séjour préalable à Toulouse où il aurait été reçu dans un Ordre de filiation rosicrucienne, l’américain H. Spencer Lewis (1883-1939) fonde l’AMORC, organisation dont le siège se trouve en Californie mais qui compte des adeptes dans le monde entier. Structurée en loges et temples où se pratiquent certains rituels, elle dispense un enseignement par correspondance, mélange d’ésotérisme et de psychologie visant une meilleure connaissance des forces cachées du microcosme et du macrocosme. L’AMORC a récemment publié trois manifestes inspirés des écrits fondateurs rosicruciens : Positio Fraternitatis Rosae Crucis (2001), Appellatio Fraternitatis Rosae Crucis (2016) et Neue Chymische Hochzeit, mais leur influence ne semble pas avoir dépassé les limites de l’Ordre.

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61 – The Rosicrucian Fellowship

Max HEINDEL, Cosmogonie des Rose-Croix : ou Philosophie mystique chrétienne, traité élémentaire sur l’évolution passée de l’homme, sa constitution présente et son développement futur, traduit par Armand Baer. Paris, P. Leymarie, 1940. [8 D SUP 16734]

D’abord membre de la Société Théosophique, le danois Max Heindel (1865-1919) prétend lors d’un séjour en Allemagne avoir rencontré un « Frère aîné de l’Ordre de la Rose-Croix » l’ayant guidé vers un temple près de Berlin où il aurait rédigé l’ébauche de sa Cosmogonie des Rose-Croix, publiée en 1909 et dédiée à Rudolf Steiner. Il y affirme que l’Ordre de la Rose-Croix aurait été créé en Allemagne en 1313 par un prince dont l’ancêtre participa à la sixième croisade, Christian Rosenkreutz. Heindel fonde son association en 1909 à Oceanside, au sud de Los Angeles. Dispensé par correspondance, son enseignement porte sur la Bible, l’astrologie et la cosmogonie.

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62 – Le Lectorium Rosicrucianum

Jan van RIJCKENBORGH, Le nouveau signe. Haarlem, RozenKruis-pers ; Ussat-Ornolac, Lectorium Rosicrucianum, 1965. [8 COL 1732 (6)]

D’abord intéressé par la Société Théosophique puis par les idées de Max Heindel, le néerlandais Jan van Rijckenborgh (1896-1968) découvre certains écrits de J.-V. Andreae à la fin des années 30. Il les fait traduire, imprimer et en publie également des commentaires. Il fonde en 1945 avec Catharose de Petri (H. Stok-Huizer, 1902-1990) le Lectorium Rosicrucianum ou École internationale de la Rose-Croix d’Or, dont le centre français se trouve à Ussat-Ornolac, près de Montségur. La doctrine de ce mouvement est de nature gnostique, opposant un monde supposément chuté à un monde spirituellement évolué. Le texte exposé offre un commentaire du prologue des Noces chymiques.

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